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Jeremy Bentham

The Collected Works of Jeremy Bentham: The Correspondence of Jeremy Bentham, Vol. 11: January 1822 to June 1824

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Editor’s NoteEditor’s Note3070To Ioannis Orlandos and Andreas Louriottis15 March 1824 (Aet 76)

Jeremie Bentham à Jean Orlando et André Luriottis

  • Queen's Square Place Westr
  • 15 March 1824.
  • 10 o'clock

Chers enfans

Si je ne me trompe pas, la difference entre vous et les personnes de l'autre part, se borne a prèsent à la difference entre deux mots: savoir usage et ordre: voici ce qui me parait à ce sujet. Dans l'Etat où est la Grèce, le mot usage ne vous apporterait aucun deshonneur: mais le mot ordre vous apportera, honneur positif: voilà abundamment assez pour me determiner à preferer ce dernier mot. Mais si ce changement se fait pour le bien d'un coté, il y a une sureté qu'il faut donner pour le bien commun des deux côtés: si au moyen de ce mot ordre les mains des Commissaires en Grèce sont absolument liées, en apparance il faut quelque moyen pour leur laisser quelque liberté en effet. Supposé, par exemple qu'un Collocotroni vient pour le moment de s'emparer de l'exterieur du Gouvernement: il envoye aux gens dont il s'agit, son ordre, de delivrer à son porteur, l'argent qu'ils ont en main: voudriez pg 384vous qu'ils y obeissent? 'Mais (direz vous,) Collocotroni est tombé: il n'est plus à craindre.'2 Oui: mes enfans il est tombé: mais un autre Collocotroni ne pourroit il pas s'elever comme a fait le premier? C'est pour cela que j'ai dit un Collocotroni, au lieu de dire simplement Collocotroni. 'Phillipe, dites vous est mort' (disait Demosthenes un jour à ses Atheniens)3 'Philipe est mort: eh bien que celà soit, dans l'etat où sont nos affaires, ne se peut il pas à tout moment, qu'il s'eleve un autre Philippe?

Or si quelque Collocotroni venait de donner aux Commissionaires un pareil ordre, songez à la situation dans laquelle les deux philhellenes anglais se trouveraient: ils n'auraient le choix qu'entre le sacrifice de l'une ou l'autre de deux choses: de la liberté de la Grèce pour sauver leur honneur, ou de leur honneur, pour sauver la liberté de la Grèce. Celà étant peut il y avoir de la prudence ordinaire à placer deux hommes, quels qu'ils puissent être, entre deux pareils écueils? Oh que non: sera assurement votre reponse.

Si cela est, il s'ensuit que pour eviter un tel malheur il n'y a qu'un seul remede: c'est que vous leur envoyassiez, pour être emploié dans le cas d'un pareil état de choses, une espèce de permission eventuelle, soit formelle, soit virtuelle pour leur servir de garant.

Voilà pour l'espèce: et pour la chose individuelle, voici, ce qui m'est venu dans l'esprit. N'est il pas vrai que avant la minute dont vous m'avez envoyé copie, vous en avez proposée une autre,4 où l'état de la Grèce par rapport a la desunion et le conflit des parties etait peint en couleurs assez fortes? Voilà tout ce que j'en ai entendu dire: mais si cela est pourriez vous avoir de la repugnance,5 à la proposition d'un ami, tel que moi de la leur remettre dans les mains, pour qu'ils puissent l'envoyer a leurs Commissionaires afin que dans le cas d'un ordre donné par un Collocotroni de delivrer l'argent ils puissent avoir a dire. 'Non—le cas prevu par cette Minute est arrivé: nous ne voulons pas contribuer a la destruction de la liberté de la Grece: nous garderons l'argent jusqu'à ce que un meilleur etat de choses arrive, où bien nous renverrons l'argent dans les mains d'ou il est sorti.'

Sachez mes enfans que ce n'est que de moi que cette idée, bonne ou pg 385mauvaise, est venue; et que je n'en ai donné la moindre intimation a personne: gardez vous donc d'accuser aucun autre que ce soit d'un tort, s'il y en a que m'appartient en propre. Je vous prie sur tout celà votre reponse.

Autre point: c'est le choix de l'un des Commissionaires la substitution du Grec Cundriotti à l'Anglais Stanhope. Votre Cundriotti, est un excellent patriote: en un mot, c'est un homme lequel pour le bien de la Grèce, il conviendrait mieux placer dans cette situation que tout autre que ce soit: voilà ce que tout le monde dit. Avec cela est un fait de toute notorieté qu'il est l'objet d'une aversion decidée et forte de la part des Peloponessiens, et les voici qui s'ecrient ces mêmes Peloponessiens—'Regardez ces gens là, nos Deputés, ils ont reussi [a]6 mettre notre sort dans le pouvoir de notre adversaire'. Or Luriottis, n'est il pas vrai que, après vous avoir presenté le danger ci dessus Douglas Kinnaird a fini par vous dire, 'Votre raison est convaincüe: vous n'avez rien à dire: donnez donc cette preuve de bonne foi:' c'est à dire en proposant la nomination de quelqu'individu qui ne soit pas un homme de parti, connu pour tel.

Or la place où uniquement pour vous faire plaisir, on a mis Cundriotti, avec les yeux pleinement ouverts sur ce danger, était d'abord remplie par Stanhope: homme qui pour la cause de la Grèce y consacre actuellement les deux tiers de son madique revenu: et de toutes les personnes qui uniquement pour vous donner ce gage d'amitié, se sont portées à concourir à ce sacrifice, il n'y en a aucune qui n'a pas, de ce même Stanhope la plus haute idée que l'on puisse avoir: c'est à dire en tous points—sagesse aussi bien que probité, philanthropie, et attachement à la cause de la liberté en Grèce.

Quant à moi, ce que je connais, et ce que je pense de ce même Stanhope ne vous est pas encore (je crois) connu. Le voici. D'après une etude des plus soignées que j'en ai fait depuis environ une année, je crois ne rien risquer à dire que je placerai toute la reputation que je puisse avoir sur la tête de cet homme de façon que s'il se comportait mal, de quelle maniere que ce fut, on dirait Bentham, s'est trompé lourdement, il ne connait pas les hommes. Je ne finirais pas, si j'entreprenais vous le depeindre: brave comme un lion, doux comme un agneau: fils et allié des plus hautes familles que nous ayons (son père, Commandant des Gardes du Roi) et foulant à ses pieds tout sentiment aristocratique. Se depouillant, les yeux ouverts et toujours sans amertume de toute chance de promotion et de faveur, en plaidant par ses ecrits pour la liberté de la Presse; et, en plaidant de la même manière pour le soldat contre la tyrannie militaire, dans la vue de porter les gens d'ici d'abolir la peine afflictive du fouet,7 comme on a fait presque par tout ailleurs. Il est pg 386un des deux individus (et ils se sont declarés tous les deux mes disciples) aux quels le Marquis Hastings8 est redevable, comme j'ai entendu dire par de bons juges, de toute la reputation qu'il a acquise dans son gouvernement de l'Hindostan: tous les deux, ils ont quitté Hastings, toujours sans mauvaise humeur, et pour la seule cause que, eux ils ont été sinceres tandis que lui, il a été insincère dans la profession que tous trois faisoient d'attachement à la cause de la liberté de la presse.

Quant à Stanhope je vais prendre sur moi de vous envoyer c'est à dire à notre Anglais Luriottis une des lettres de l'Honorable Colonel à moi:9 c'est la seule que j'ai reçue de lui en propre depuis qu'il est parti pour la Grèce, dans ce voyage, où par ses vertus et ses bonnes manieres, il a fait la conquête de l'Allemagne et de la Suisse Philhellenique, lesquelles l'ont mis à leur tête: voilà la seule qu'il m'a adressé, mais il est correspondent constant du Comité, dont il est Agent, et à peine y a t-il une lettre de lui, où il n'y a pas quelque mot sur moi, dans le même sense que celle-ci. J'en ai vu trois lettres de lui plus recentes, et ecrites de la Grèce même: et j'ai eu le bonheur de voir qu'elles sont de beaucoup plus encourageantes.10 'Mais vous êtes partiel en sa faveur', me direz vous: Oh que oui. Mais voici de quelle manière, ce n'est pas de ce qu'il est devenu mon ami, que j'ai cette opinion de lui, mais de ce que d'après la bonne opinion que je voyais que tout le monde avait de lui, que je me suis determiné d'en faire un ami en lui ouvrant cette porte, que je suis obligé de tenir fermée contre la foule qui autrement voudraient m'envahir le peu de momens que je puis encore rester sur la terre.

Eh bien! si après avoir lu cette lettre, il vous arrive de partager avec moi, l'opinion que je ne puis manquer d'avoir de Stanhope, et de vouloir que l'on ait, bonne opinion de vous, faites vous même la proposition, mon Luriottis de remettre où il était le nom de ce même Stanhope.

Malheureusement, s'il etait le contraire, de ce que tout le monde sait, qu'il est, vous ne risqueriez que très peu en accedant à cette proposition: car j'ai bien peu d'esperance qu'il puisse rester en Grèce. Etant un de treize11 enfans qu'a son père, tous vivans, la modique fortune que sa vertu lui a permis de faire aux Indes ne suffiroit pas, pour son entretien, sans sa paye de Colonel et Lord Bathurst Ministre de nos Colonies vient de signifier à un autre Colonel Anglais et Philhellene,12 neveu de ce même pg 387Lord, que si pour ce qu'il avait fait, ou avait envie de faire pour la cause de la Grèce, il arrivait à la Sainte Alliance de demander qu'il fut destitué, lui l'oncle ne manquerait pas de le faire destituer pour garder la neutralite qu'on avait promise. Or il est constant qu'il y a quelque tems que l'ainé de Stanhope lui a ecrite une lettre pressante:13 ainsi chaque jour, une des choses que je crains le plus c'est de le voir entre mes bras.

D'ailleurs, faites à son égard ce que vous jugez à propos: vous n'aurez pas de lui, le moindre ressentiment à craindre: il n'en est pas capable.

Malheureusement encore, il s'ensuit de tout cela que dussiez vous faire la proposition, de remettre à sa place le nom de Stanhope, la difficulté ne sera pas terminé. Car dans ce cas il faudrait faire encore le choix d'un successeur eventuel—ainsi si vous voyez l'objection que j'attache au choix de Cundriotti, dans le point de vue où l'on dit que vous le voyez, ce qui resterait à faire ce serait de se fixer sur quelqu'individu qui ne serait pas expose à pareille objection d'un coté ni de l'autre.

Trêve à complimens mes enfans, trêve à professions: tout cela envers ceux qui ont une certaine experience, ne produit qu'un effet contraire, à ce qu'on voudrait. Un oui ou un non, suffirait pour chacune des trois propositions: moins on ecrit, mieux on s'entend. Souvenez vous que ce que le cas exige, c'est une lettre qui pourrait se faire montrer à tout le monde. N'imitez pas dans votre reponse la longueur de la presente: les deux cas sont entierement differéns.

Toujours votre affectionné pére

                                             (signé) Jeremy Bentham.

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Editor’s Note
3070. 1 Stanhope Papers, General State Archives, Athens, K.121, fos. 18, 172. Copy in the hand of Colls with additions and corrections by Doane. Endorsed: 'From J. Bentham to the Greek Deputies. J.B. opinion of L.S.' The copy is damaged, and where possible missing words have been supplied from the autograph draft at UC xii. 233–40. The draft is headed; 'Greece, J.B. to O. & L. Objects—1. Engaging them to give secret licence for discretion, if by the terms of the Agreement the monies were to be payable to order. 2. To reinstate Stanhope's name: 3. To think of an unexceptionable person in case of his departure.' An English translation of part of the letter is in Stanhope Papers, General State Archives, Athens, K.121, fos. 60, 61, 63. Extracts from the letter with English translations appear in Stanhope, Greece, in 1823 and 1824, pp. 318–22, and an English translation of an extract from the letter also appears in William Parry, The Last Days of Lord Byron: With his Lordship's Opinion on Various Subjects, Particularly on the State and Prospects of Greece, London, 1825, pp. 238–40.
Editor’s Note
2 In April 1823 Kolokotronis had been elected Vice-President of the Executive Council at the Second National Assembly at Astros. In October 1823, following disagreements between the Executive and Legislative, and under the influence of Kolokotronis the Executive moved to Nafplion. In November 1823 Kolokotronis' eldest son, Panos (c. 1800–24), threatened members of the Legislative Senate, who then fled to Kranidi, where they elected another Executive Council in December 1823, although by this time Kolokotronis had left the old Executive, and appeared to the deputies no longer to pose a threat. However the two rival governments existed until the Kolokotronists agreed to recognize the new Executive in June 1824: see also Letter 3097 & n. 10 and Letter 3112 & n. 2. A copy of a list of charges upheld against the old Executive made by a commission of nine members of the Legislative, dated 7 February 1824, is at UC xii. 185.
Editor’s Note
3 Demosthenes, First Philippic, x–xi.
Editor’s Note
4 See Bowring's Letter 3061.
Editor’s Note
5 At this point at least one page of the letter is missing. The text of the remainder of this and the following paragraph is taken from the draft at UC xii. 237, 235.
Editor’s Note
6 MS draft supplies 'a'.
Editor’s Note
7 See Stanhope, Sketch of the History and Influence of the Press in British India, and The Military Commentator.
Editor’s Note
8 i.e. Francis Rawdon-Hastings. The other disciple was probably James Silk Buckingham.
Editor’s Note
9 Presumably Letter 3025.
Editor’s Note
10 See Letter 3063 n. 4.
Editor’s Note
11 When this letter and a translation were reproduced in Stanhope's book, the words 'treize' and 'thirteen' were changed to '10' and 'ten': see Stanhope, Greece, in 1823 and 1824, pp. 320, 321.
Editor’s Note
12 Stanhope's MS translation of this section of the letter names the English Colonel as Sir Charles James Napier: see Stanhope Papers, General State Archives, Athens, K.121, fo. 63. Napier (1782–1853), Resident at Cephalonia 1822–30, had returned home on leave in January 1824 carrying letters from Byron to the London Greek Committee. Henry (1762–1834), third Earl Bathhurst, was Secretary of State for War and Colonies 1812–27. Strictly speaking Bathurst was Napier's cousin-in-law having married Napier's cousin, Georgina Lennox (d.1841), in 1789.
Editor’s Note
13 i.e. Charles Stanhope, for whom See Letter 3071 n. 3.
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